L’article sur le site de l’INSMI-CNRS
« Le 19 octobre 2021, le réseau thématique Mathrice d’informaticiens et informaticiennes au service de la communauté mathématique fêtait ses 20 ans + 1, un an après l’anniversaire de ses 20 ans, prévu au siège du CNRS où avait eu lieu en 2000 la réunion de lancement du réseau, et reporté du fait de la situation sanitaire. Réseau de métier, réseau au service de la communauté, Mathrice livre ici son histoire et l’histoire de son fonctionnement.
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MATHRICE : LES FONDATEURS
Joël Marchand, vous avez animé les débuts du réseau de métier Mathrice et veillé à son développement, de 2003 à 2007, comme directeur du groupement de service Mathrice. Comment tout cela a-t-il commencé ?
Tout a commencé par une rencontre à trois avec Christian Peskine, nommé directeur scientifique adjoint pour les mathématiques au département Sciences Physiques et Mathématiques (SPM) au CNRS début 2000 et de son prédécesseur à ce poste, Jean-Michel Lemaire. Je venais d’être nommé au poste d’ingénieur informaticien à l’Institut de mathématiques de Jussieu (IMJ) et à cette première rencontre a été évoquée l’idée qu’en plus du poste strict d’administrateur systèmes et réseaux (ASR) pour l’IMJ, je pourrais avoir pour mission secondaire de travailler à un réseau métier.
Dans cette discussion à trois, un aspect m’avait marqué : à l’époque, les mathématiques étaient une branche très peu dotée en ingénieurs, techniciens et administratifs CNRS ou universitaires. On ne pouvait pas envisager de mettre un poste d’ingénieur informaticien dans chaque laboratoire de mathématiques. La question était donc : comment avec peu de moyens mener nationalement une action telle que les ingénieurs informaticiens puissent dégager une forme de plus-value pour tous les laboratoires, y compris ceux qui étaient moins dotés en termes d’ingénieurs ?
Il s’est joué quelque chose de l’ordre de la conscience de communauté. La notion de communauté était déjà très forte. Le réseau national des bibliothèques de mathématiques (RNBM) et Mathdoc existaient depuis déjà des années. Scientifiquement, il y avait déjà une vraie constitution d’une communauté scientifique qui avait compris qu’elle partageait le même destin. C’est une spécificité très forte des mathématiques qu’un réseau comme Mathrice s’y soit développé.
Qu’est-ce qui vous a fait vous engager dans le projet ?
Je venais de passer huit ans dans une unité qui offrait des moyens de calcul formel. L’IMJ venait d’être fondé par la fusion de huit unités mixtes de recherche de Paris 6, Paris 7 et du CNRS. L’informaticien de l’IMJ partait sur un autre poste. J’ai saisi l’occasion de travailler dans un gros laboratoire comptant plus de 400 personnes avec un spectre d’activité plus large, et sans doute aussi une complexité plus grande. J’étais par ailleurs très investi sur tous les aspects d’échange et de partage de pratiques avec un groupe d’amis informaticiens, sur les listes de diffusion et dans les manifestations nationales. La perspective de me voir confier la création et l’animation opérationnelles d’un tel réseau national entrait dans ma philosophie. Et mes premiers contacts avec Christian ont été excellents. J’ai eu confiance dans l’homme et dans la vision.
Christian Peskine, qu’est-ce qui sous-tendait votre idée politique ou stratégique de constituer un réseau national en informatique ?
Ma principale préoccupation à mon arrivée aux responsabilités de directeur scientifique adjoint (DSA) au département Sciences Physiques et Mathématiques (SPM) a été de favoriser une meilleure gestion des ressources humaines, de faire en sorte que chaque individu travaille avec enthousiasme et donne le meilleur de lui-même au sein des laboratoires de mathématiques. J’avais pu observer dans nos laboratoires des personnes isolées, si ce n’est amères. L’idée de ce réseau était de créer un lieu propice au développement professionnel des ingénieurs informatiques.
Quand je suis arrivé au département SPM en 2000, il fallait créer ou développer l’informatique de service dans les laboratoires. De nombreux laboratoires de mathématiques n’avaient pas d’ingénieurs. Les faibles moyens informatiques étaient souvent gérés par des mathématiciens et il pouvait être délicat pour les ingénieurs informatiques de composer avec eux. Des laboratoires de mathématiques appliquées comptaient des ingénieurs de recherche qui géraient aussi l’informatique sans que ce soit leur métier. La réorganisation progressive des laboratoires de mathématiques devait s’appuyer sur une stratégie claire pour ce qui concernait les services informatiques.
En envoyant solitairement des ingénieurs informatiques dans les unités, on risquait de créer des situations humainement et professionnellement difficiles. Le métier d’ingénieur, homme ou femme, isolé dans un laboratoire de taille moyenne, est très éprouvant. La gestion des ressources humaines par le département SPM était au centre du problème. Une erreur sur ce plan risquait de faire échouer tout le projet. Dès lors j’ai mis beaucoup d’énergie à obtenir du CNRS comme des universités des ingénieurs de haut niveau dans les laboratoires de mathématiques.
Joël Marchand, racontez-nous les débuts de Mathrice.
Christian Peskine a provoqué une réunion adressée aux directeurs d’unité et à toute personne intéressée en mai 2000 au siège du CNRS, où nous avons présenté les différents services pour les mathématiciens : Idris (Institut du développement et des ressources en informatique scientifique), Calcul Formel Medicis, Urec (Unité REseaux du CNRS) … C’est là qu’a été faite la déclaration de principe de créer un réseau métier pour l’informatique que j’animerais.
J’ai lancé un appel auprès des collègues, nous avons commencé les échanges et les rencontres entre informaticiens des laboratoires. Et les choses se sont enchaînées. Il se trouve que l’Urec avait monté une formation de formateurs autour de la sécurité informatique. Je l’ai suivie avec un autre collègue pour qu’on puisse à notre tour former les informaticiens en mathématiques. Cela a été l’occasion de se rencontrer vraiment et de partager, pendant deux jours à Gif-sur-Yvette puis cinq jours pleins, au Cirm. Ces journées vécues continûment ensemble nous ont cimentés humainement. Cela a donné un sens au réseau sur un plan humain et la liste de diffusion qu’on avait créée a commencé à être vivante, il s’y est développé beaucoup d’entraide.
Comment est venu le nom « Mathrice » ?
Quand on a voulu créer la première liste de diffusion, il a fallu lui donner un nom. J’ai lancé un appel, Alain Sartout à Strasbourg a répondu avec un nom et l’acronyme : Math-RICE, pour « réseau interne de communications et d’échanges ». Avec un jeu de mots sur « matrice » sans H, et un clin d’œil au film Matrix, qui venait de sortir. C’était prononçable, court, cela voulait dire quelque chose, et cela était évidemment lié aux mathématiques !
Quelles ont été vos premières actions dans le cadre de Mathrice ?
Il y a eu deux idées. La première, créer l’annuaire de la communauté mathématique française pour donner un sens communautaire à la communauté scientifique et pour accéder facilement aux coordonnées de tout le monde. Christian Peskine de son côté menait une action d’incitation auprès des directeurs d’unité pour que les membres de la communauté se fassent inscrire à l’annuaire. On a rapidement atteint un nombre de laboratoires et de personnes inscrites à l’annuaire, qui rendait son existence significative.
L’autre idée a été de mutualiser les licences, par exemple la licence Matlab de calcul scientifique. Cela permettait aux unités qui avaient peu d’argent pour la licence ou peu d’usage de la licence de pouvoir aussi avoir accès au service et cela optimisait le temps d’usage de ces ressources. Christian Peskine a accepté de financer cela par des crédits au niveau du département SPM en nous faisant totale confiance, sans que nous sachions, quand nous nous sommes lancés, si cela allait fonctionner.
Christian Peskine, quelle forme a pris le soutien politique que vous avez apporté à Mathrice ?
Le CNRS avait beaucoup d’influence parce qu’il organisait les comités d’évaluation de tous les laboratoires, avec les experts choisis par lui, et les présidents et vice-présidents des universités. Le DSA y expliquait la politique du CNRS. Ces comités d’évaluation jouaient un rôle important dans l’interaction avec les partenaires académiques et avec les laboratoires. Les messages envoyés à ces occasions-là étaient écoutés et très bien suivis. Dans les comités d’évaluation, il y avait un temps dédié à parler de Mathrice, à l’insertion des ingénieurs dans les laboratoires, à la vie des ingénieurs, à la façon dont ils étaient traités dans leurs laboratoires : cet échange a pris une importance officielle.
JM : Les journées Mathrice ont eu lieu deux fois par an à partir de 2002. Plus d’une fois sur deux, Christian ou son successeur venait s’adresser aux ingénieurs. Que le responsable institutionnel des mathématiques vienne parler aux ingénieurs les a valorisés et a crédibilisé la démarche.
Un enjeu d’identité de communauté
CP : Mathrice était un instrument fort de transmission aux laboratoires d’une politique scientifique. Il a apporté du liant dans la communauté mathématique. Il a aussi joué un rôle dans l’approfondissement de cette communauté. Il s’agissait de créer une identité, celle des mathématiques françaises, qui soit un interlocuteur unique et écouté. Le RNBM et Mathdoc ont eux aussi joué un rôle important dans ce sens. L’existence de ces réseaux montrait que la communauté mathématique avait une façon bien à elle de fonctionner.
JM : Dans le réseau métier, Mathrice transmettait la notion de bonne pratique. On savait ce qui se faisait de bien ici ou là, cela permettait de faire émerger des tendances lourdes en termes de méthodes d’outils, de frais de gestion. Chaque laboratoire pouvait s’y référer. Mathrice a joué un rôle pour que chaque laboratoire qui se posait des questions sur les orientations à prendre puissent s’appuyer sur les grandes tendances qui émergeaient avec Mathrice.
CP : La prospective faite au sein de Mathrice par les ingénieurs informatiques des laboratoires concernait non seulement leur métier mais aussi l’évolution des laboratoires de la communauté.
Le lien humain
JM : J’ai vite compris que pour des gens qui n’ont pas les mêmes histoires, qui ne sont pas dans les mêmes environnements, qui n’ont pas de raison structurelle de travailler ensemble, la seule façon de les faire adhérer informellement et bénévolement à une démarche c’est qu’une affinité humaine se crée, et elle se crée autour d’une table et d’un verre. Ce qui a été clé… ce sont les bières ! S’il n’y avait pas eu les rencontres Mathrice et toutes les soirées à discuter informellement autour d’une bière, le lien humain ne se serait jamais développé à la hauteur de ce qu’il est vite devenu. Et c’était complètement central.
Comment s’est faite la création d’un groupement de service (GdS) ?
CP : Au même moment en 2003, le RNBM aussi cherchait à se constituer en structure. Il y avait des unités de recherche, des unités propres (UPR), des unités mixtes (UMR), et des groupements (GDR), pourquoi n’y aurait-il pas l’équivalent pour les services à la recherche ? C’est Michel Enock qui a trouvé trace, dans les tiroirs du CNRS, de la possibilité de créer des « groupements de service ».
JM : A Mathrice, tout le monde avait été convaincu qu’il était beaucoup plus simple de commencer sans aucun cadre. En 2021 on n’oserait plus faire cela, on se pose d’emblée des questions de structure, de comité de pilotage. On a eu la chance que Christian Peskine nous ait fait confiance informellement. Il suffisait d’être sympathisant à l’idée, à la démarche. On n’avait pas de démarche formalisée à faire comme membre ou adhérent. Cela a permis à l’époque que les personnes viennent voir et s’agrègent, librement et sans enjeu.
Qu’est-ce que la structuration en groupement de service (GdS) a changé ?
JM : En interne, cela n’a pas changé grand-chose. En termes d’interface avec nos partenaires, la constitution en GdS a rendu les choses plus lisibles. Quand j’allais en expertise sur les moyens informatiques dans un laboratoire ou quand je négociais auprès d’un vendeur un achat de licence au niveau national, j’étais représentant officiel d’un réseau.
CP : Pour moi comme DSA, la structuration en GdS me permettait de donner des moyens récurrents. Et c’était un élément de poids dans les discussions sur la communauté à l’extérieur.
Comment s’est faite l’évolution de Mathrice, réseau de métier, vers un service pour la communauté ?
JM : Courant 2003 début 2004, une idée est née informellement d’essayer de mettre en commun des services pour tous les laboratoires au lieu de ce que chacun pare à tout dans son propre laboratoire – et on avait bien compris que tout le monde ne pouvait pas tout faire.
Nous en avons parlé dans les rencontres Mathrice. Nous avons mis les grandes idées à plat, la fleur au fusil, sans savoir où on allait, sans budget, avec des bénévoles et des machines qu’on a récupérées dans nos laboratoires. Il y avait Zouhir Hafidi à Lille, Philippe Depouilly à Bordeaux, Albert Shih et Joël Marchand à Paris à l’IMJ. Pendant un an ou un an et demi nous nous sommes auto-encouragés pour créer cela. Cela a eu du mal à démarrer au point que fin 2004, à une rencontre Mathrice, au moment du bilan, j’avais soulevé la question : fallait-il continuer ? Je n’étais pas convaincu qu’on allait trouver une configuration avec assez de bras pour faire le travail et assez d’usage pour que cela en vaille la peine. Le groupe a fonctionné à quatre personnes pendant deux ans, puis d’autres personnes sont venues. Le terme « PLM-team » est venu plus tard.
CP : La mise en place de ce qui deviendrait la Plateforme en Ligne pour les Mathématiques allait consolider le projet Mathrice si elle marchait. La force politique de cette idée était grande.
Comment s’est créée la dynamique Mathrice-Mathdoc-RNBM ?
JM : J’ai rencontré plusieurs fois les équipes du RNBM et de Mathdoc. Il y avait à cette époque Elizabeth Cherhal et Pierre Bérard à Mathdoc et Liliane Zweig et Bernard Tessier au RNBM. J’ai pu les convaincre de venir prendre la parole aux journées Mathrice pour dire qu’il était possible de collaborer parce qu’il y avait une complémentarité stricte entre les trois groupes, et une interface claire. Pour l’annuaire par exemple, Mathrice abondait pour l’annuaire des personnes et Mathdoc, pour l’annuaire des structures. Les deux entités étaient coopérantes pour rendre le service.
Nous avons eu notamment un débat sur l’accès aux revues scientifiques. Comment accéder via le web aux revues en prouvant qu’on était membre d’un laboratoire qui y donnait accès et qui avait payé son droit d’accès ? La connexion était possible quand on se connectait depuis son laboratoire. Mais on n’avait pas de solution quand les chercheurs se connectaient depuis ailleurs que leur bureau. C’était une question organisationnelle et technique qu’on a discutée entre RNBM, Mathdoc et Mathrice. Cela a été une action principale de collaboration et a donné lieu à un des premiers services de la PLM.
Mathdoc, le RNBM et Mathrice ont eu des débuts différents mais avaient des problématiques communes. Mathrice a d’ailleurs construit peu à peu son rôle en suivant le RNBM et Mathdoc.
Un bilan de ces débuts ?
JM : Mathrice et ce qui deviendra la PLM-team, c’est l’histoire d’une configuration humaine remarquable. Il y a un effet de génération : nous étions une bande d’ingénieurs entre 30 et 40 ans, assez libres, nous étions dans une configuration sur le plan humain très porteuse. C’est une chance aussi qui a été donnée par la communauté. La communauté mathématique était une communauté heureuse et cela donnait envie de travailler pour elle. C’était un cercle vertueux. Enfin de nombreux directeurs de laboratoires ont été emballés par ces évolutions, ont participé et nous ont soutenus. Ils étaient par exemple très intéressés à ce que les rencontres Mathrice aient lieu chez eux et cela, c’est une reconnaissance.
CP : Le développement de ces réseaux de métier correspond au moment où la communauté mathématique prenait conscience d’elle-même. Les laboratoires, s’insérant dans ce mouvement, s’appuyant sur la présence du CNRS à leurs côtés, amélioraient leur dialogue avec les universités. Dans leur grande majorité, les collègues comprenaient ce mouvement et s’y associaient.
Le rapport entre les résultats obtenus et les moyens financiers engagés est vraiment excellent. Avec peu de moyens s’est élaboré quelque chose qui à ma connaissance n’a pas d’équivalent. Si on regarde le coût réel de cette construction et ce qu’elle a mis au service de la recherche en France, c’est un résultat spectaculaire du service public. Cela a joué un rôle dans la reconnaissance de Mathrice au CNRS. Il n’y a jamais eu d’affectation à Mathrice à temps plein, mais des informaticiens dans des laboratoires qui acceptent de prendre du temps pour un projet commun. Le RNBM est comparable pour cela, sans personnel rattaché. C’était culturellement naturel dans le monde mathématique.
JM : Le développement de Mathrice correspondait aussi à l’air du temps. Cette décennie était l’âge d’or de la technologie, une période dynamique sur plan réseau et technologique.
L’autre bénéfice, c’est la carrière et le vécu de tous les acteurs. Les membres de Mathrice, qui n’auraient peut-être pas eu la capacité de se développer de façon autonome, ont très bien évolué personnellement et professionnellement grâce à Mathrice. Ils ont profité de la dynamique. On a eu une ambition et on l’a vraiment réalisée. Des personnes qui ne comptent pas leurs heures pour faire des choses communautaires, c’est beau. C’est plaisant.
MATHRICE : LES DEFIS DES MANDATS DE DIRECTION SUCCESSIFS
Les cinq mandats de direction du GdS puis RT Mathrice
- (2000…) 2004-2007 Joël Marchand, responsable informatique et réseaux, Institut Jacques Monod (IJM – UMR7592 – CNRS & Université de Paris)
- 2008 – 2011 Philippe Depouilly, chef de projet et expert ingénierie logicielle, Institut de mathématiques de Bordeaux (IMB – UMR5251 – CNRS, Bordeaux INP & Université de Bordeaux)
- 2012 – 2015 Jacquelin Charbonnel, chef de projet et expert en infrastructures, Laboratoire Angevin de Recherche en Mathématiques (LAREMA – UMR6093 – CNRS & Université d’Angers)
- 2016 – 2020 Laurent Azema, chef de projet et expert en infrastructures, Institut Camille Jordan (ICJ – UMR5208 – CNRS, Ecole centrale de Lyon, Insa de Lyon, Université Claude Bernard & Université Jean Monnet)
- 2021 – … Sandrine Layrisse, administratrice systèmes réseaux, Institut de mathématiques de Bordeaux (IMB – UMR5251 – CNRS, Bordeaux INP & Université de Bordeaux)
Philippe Depouilly, vous avez été directeur du GdS Mathrice de 2008 à 2011. Comment êtes-vous arrivé à Mathrice ?
En 2000 je suis allé à la réunion organisée par C. Peskine, J.-M. Lemaire et J. Marchand et j’ai vu ce réseau qui se mettait en place. C’était une idée étonnante, très intéressante, qui donnait une ouverture à la vie dans un laboratoire, la possibilité de voir des personnes et des laboratoires hors du périmètre de son propre laboratoire. Et quand au fil des rencontres a émergé l’idée d’un service pour le chercheur en mathématiques, j’y ai travaillé à fond. On était en 2003. J’étais depuis cinq ans dans mon laboratoire. Mes journées au laboratoire se terminaient, mes soirées commençaient bouillonnantes d’idées sur ce qui allait être la maquette de la PLM. Et un jour Joël Marchand m’a demandé si je voulais lui succéder à la tête de Mathrice. C’était un énorme défi… mais c’était un défi, alors j’ai dit oui !
Cela impliquait d’être la personne qui allait être au contact des collègues, des directeurs d’unité ; il y avait la vie du réseau à préserver ; et c’est pendant ce mandat qu’on a commencé à faire des visites de laboratoires. Les directeurs de laboratoires sollicitaient Mathrice pour venir aider à faire l’état des lieux de l’informatique sur l’aspect gestion d’utilisateur, sur les aspects techniques du parc, pour apporter une réflexion et une aide à la décision. Toutes ces choses demandaient une posture autre que celle d’être un geek derrière son écran et son clavier ! En fait on apprend sur le terrain et les gens ont spontanément confiance en ce qu’on va dire.
Les premières lignes de la PLM
Pendant ce mandat, j’ai pu commencer à initier les choses que j’avais en tête pour lancer les premières lignes de ce qui allait s’appeler en 2008 la « Plateforme en ligne pour les mathématiques » (PLM). Quand on a eu 300 à 400 personnes qui ont utilisé les services, on s’est dit, ce n’est plus une « maquette », cela sert. Et puis on a eu des progressions d’utilisation à 700 utilisateurs, ce qui est en fait très modeste, mais on constatait que la maquette marchait.
L’annuaire de la communauté mathématique et l’authentification
Techniquement, la PLM repose sur une chose, l’annuaire. Une collecte des personnels des laboratoires est faite chaque nuit, la mise à jour de l’annuaire est faite de façon décentralisée dans chaque laboratoire par le correspondant annuaire qui l’alimente, et cela forme l’annuaire national des mathématiques. Au début, on ne se rendait pas compte de ce que représentait l’annuaire. On n’a pris conscience de la pépite qu’en 2010, quand on a ouvert la réflexion sur le portail des mathématiques. L’annuaire de la communauté mathématique nous donnait de savoir que telle personne est un ou une mathématicienne et qu’il ou elle travaille dans quelle unité. Et il nous permettait d’unifier les identités.
L’authentification qu’on appelle « Shibboleth » comme Janus ou « fédération d’identité Renater », permet aux personnes de s’identifier avec l’identité de leur établissement. En 2010, Mathrice a été une des rares structures de l’ESR à utiliser ce système d’identification de façon nationale et en le couplant avec l’annuaire. Qu’une personne s’identifie avec son identifiant d’établissement, nous pouvions savoir si cette personne était en mathématiques et où elle exerçait. A partir de là, tout découlait : on activait son compte PLM, ce qui lui donnait accès aux services : et la personne avait les droits pour consulter les revues auxquelles cotisait son laboratoire, voire son université, etc…
Avant cette authentification, pour qu’un chercheur ait accès aux services, il fallait que son correspondant Mathrice aille sur une interface, crée son compte, le connecte, fasse son identification, crée mot de passe. Avec l’authentification, la personne se connecte par son identité d’établissement, peut créer son compte PLM et faire lui-même le lien entre les deux identités. On n’est plus qu’un seul individu avec deux identités, PLM et établissement. Et quand cette personne change d’établissement, elle peut revenir sur le portail signaler qu’elle n’est plus à l’établissement A mais à l’établissement B, faire elle-même la modification et son compte PLM la suit dans son autre établissement.
L’authentification enlève une grosse part d’intervention aux correspondants Mathrice qui ont par ailleurs déjà beaucoup d’activité dans leur laboratoire ; et le chercheur est autonome, il a directement accès aux ressources ; et tout cela repose sur la collecte de cet annuaire et la confiance qu’on lui fait.
Parmi les tout premiers services mis en place : les jetons
Deux logiciels commerciaux, MATLAB et Maple, sont utilisés dans les laboratoires de mathématiques, mais par très peu de personnes dans chaque laboratoire. L’idée est venue de mutualiser les coûts de licence en achetant un pool de licences au niveau national. Quand une personne dans un laboratoire utilise la licence, elle utilise un « jeton » le temps de son utilisation. Autrement dit, il s’agissait de licences à l’usage simultané et non de licences par poste. MATLAB a accepté, et le service est encore bien utilisé.
Comment fonctionne la PLM-team ?
« Les slogans de Joël »
Joël a eu des phrases-clés qui caractérisent et structurent le fonctionnement interne de la PLM-team :
- « Ce que tu mets en place pour un laboratoire, pour pas grand-chose de plus tu peux le mettre en place pour la communauté. »
- « De toute façon, c’est celui qui fait qui prend la responsabilité. C’est celui qui fait qui a raison. »
- « Le meilleur système, c’est celui que tu maîtrises. »
Avec cela, on peut avoir une équipe qui fonctionne de façon autonome sans véritable hiérarchie. On travaille ensemble, par acte volontaire. Cette liberté n’a pas de prix.
L’équipe de la PLM est un groupe qui marche sur l’initiative personnelle. Une personne vient avec une idée, elle la met en œuvre et en porte la responsabilité. On ne met pas en place des services en fonctions d’une demande. On se dit : tiens, cela pourrait intéresser. Et puis ça prend ou ça ne prend pas. Des services s’arrêtent parce qu’ils ne servent pas. Et puis une autre personne arrive avec de nouvelles idées… qui chamboulent tout. Cela demande une certaine souplesse intellectuelle ! L’organisation, la hiérarchie, la structuration de la PLM, c’est cela : des individualités. Un ensemble d’individus qui ont envie de travailler ensemble au-delà du cadre du laboratoire et qui partagent les mêmes préoccupations.
La distance géographique, chacun dans son laboratoire, est importante : si on n’est pas d’accord, on laisse filer. Mais on a besoin des PLM-parties, d’être rassemblés pour dire nos désaccords et se mettre d’accord, pour faire des choses compliquées, et pour repartir chacun dans son laboratoire pour une année.
Au début, il y avait six personnes à la PLM-team. Chacune arrivait avec ses compétences, son degré d’implication, ce qu’elle avait envie d’apporter. Actuellement on est une douzaine. Il y a une chose à la PLM, c’est l’équité. On n’a plus l’étiquette IRHC ou AI, on apprend tous les uns des autres. Il y a des personnes qui ont une technicité sidérante dans l’équipe… Et il y a l’exemple d’Albert Shih, qui n’est même plus dans la communauté mathématique, mais qui est resté à la PLM-team !
A un moment, on présentait la PLM comme un laboratoire pour les informaticiens en laboratoire : si tu veux expérimenter quelque chose, il y a la PLM. Ça n’a pas pris hors des membres de la PLM-team, mais nous… ce qu’on a expérimenté !
Philippe Depouilly, Jacquelin Charbonnel, comment s’est faite la transition entre vos mandats ?
Phiilippe Depouilly : Mon mandat s’est arrêté avec l’arrivée du portail math. Joël m’avait dit, la première année : la première chose que tu dois faire, c’est identifier ton successeur. Aux journées Mathrice j’ai regardé, et il y avait une personne qui avait les yeux grand ouverts sur tout, qui avait l’air de bouillonner. J’avais trouvé mon successeur !
Jacquelin Charbonnel : J’avais entendu parler d’une Action Nationale de formation à Gestion Déconcentrée (ANGD) de Mathrice à Marseille en décembre 2006. Je quittais à peine l’IN2P3 et le laboratoire de l’accélérateur linéaire (LAL), et j’avais donc débarqué dans cette nouvelle communauté un mois auparavant. Cette semaine au CIRM a été un déclic : le collectif, les relations humaines, l’ambiance studieuse, les idées foisonnantes – tout le monde avait plein d’idées, envie de faire plein de trucs –, ils travaillaient jour et nuit, ne s’arrêtaient jamais ! Cela m’a tout de suite plu. Et un soir j’ai demandé à Joël et à Philippe : « Et comment peut-on faire pour travailler là-dessus ? » J’étais tombé dedans !
Quand on prend les manettes, on reçoit plein de mails de la communauté, de mathématiciens que l’on ne connaît pas, de directeurs d’unité, de la direction de l’institut, de la délégation régionale… On nous demande notre avis, où en sont les projets, etc. Côté administratif, il faut faire face : heureusement qu’Alexandra, la secrétaire du LAREMA, a encaissé la charge avec brio. Je ne m’attendais pas à cela. Certes on prend un poids sur les épaules, mais on est porté par Mathrice, par la communauté. C’est dur mais c’est collectif.
Quelles ont été les grandes orientations de ce mandat ?
La sollicitation des chercheurs était en forte progression en 2012 : les activités de recherche communautaires (les ANR, les GDR, etc.) nous demandaient un espace collaboratif : un site web, un dépôt subversion (à l’époque git n’existait pas sur la PLM), une liste de diffusion… Les demandes de services « nomades » étaient aussi en augmentation : les chercheurs voulaient utiliser les services même quand ils n’étaient pas physiquement dans leur laboratoire. Ils avaient besoin d’outils pour collaborer avec des chercheurs hors communauté ou hors du territoire.
Le portail des mathématiques a transformé radicalement le travail de l’équipe, et a demandé l’acquisition de nouvelles compétences : le développement logiciel s’est immiscé dans l’administration système. Pour la PLM-team et aussi pour les ASR des laboratoires, il était évident qu’il fallait maîtriser la programmation : pour automatiser les tâches d’administration système, mais aussi pour développer ou adapter les outils dont nous avions besoin. C’est là que s’est créée, en parallèle de la PLM-team, l’équipe PLM-dev, qui travaillait sur le développement du portail… Au final, c’étaient les mêmes personnes, mais c’étaient deux activités différentes.
Il s’agissait bien d’un mouvement de fond. De plus en plus d’exposés dans les journées Mathrice traitaient du développement logiciel. L’ANF de 2012 y a été entièrement consacrée, avec trois sessions en parallèle sur Perl, Python et Ruby, mais aussi un cours sur Ajax, jQuery. C’était un virage.
Le portail des mathématiques
La PLM n’avait pas d’interface utilisateur pour unifier tous ses services. Nous avons créé des extensions pour faire un mini portail mais ce n’était pas fonctionnel.
La demande d’un portail des mathématiques est venue de l’Insmi. L’idée était de créer un point d’entrée unique aux ressources documentaires, aux services numériques et à l’annuaire de la communauté, sous une même interface. Le portail faisait donc appel aux compétences de Mathrice, du RNBM et de Mathdoc. La PLM mettait à disposition des services numériques, l’accès aux revues électroniques était du ressort du RNBM, puis Mathdoc apportait ses ressources documentaires.
Il y a eu un Equipex auquel l’Insmi voulait répondre en créant un portail national pour les mathématiques. Les réunions rassemblaient le RNBM, Mathdoc et Mathrice. Nous n’avons pas eu l’Equipex, sans doute parce que le projet n’était pas assez ambitieux financièrement pour ce type de dispositif, mais le projet a démarré. Nous avons mis en place des journées de travail sur le plateau de Saclay parce que nous y avions de l’équipement, plusieurs personnes étaient sur place, les autres à distance. Nous y allions pour plusieurs jours, nous nous enfermions entre quatre murs et nous développions du matin au soir.
Christoph Sorger, vous étiez directeur de l’Insmi entre 2013 et 2017, quelle a été la motivation pour créer un portail des mathématiques ?
Nous souhaitions un portail d’accès aux services mis à la disposition de la communauté. Un des points clés pour nous était de donner la possibilité à tout utilisateur d’accéder aux Math Reviews et aux publications électroniques, même quand on était en mission ou à la maison, le soir ou le week-end, sans devoir faire une manipulation compliquée en faisant par exemple des tunnels SSH, qui marchaient de plus uniquement pour les ordinateurs et non sur les tablettes et téléphones. L’annuaire nous permettait, grâce à la fédération d’identité, d’associer chaque utilisateur à son laboratoire et, grâce à la base des données du RNBM, d’associer à chaque laboratoire les revues auxquelles ses membres étaient abonnés. Ainsi, quand on clique sur « Bibliothèque numérique », on accède exactement aux revues comme si on était dans son bureau au laboratoire. Techniquement, cela demandait la mise en place d’un proxy par laboratoire et du coup nous avons mis une année de plus pour ouvrir le portail avec l’outil « Bibliothèque numérique » en place. Le succès était immédiat. Nos collègues à l’étranger nous envient cet outil – nous sommes le seul pays où un tel accès existe de manière si uniforme et simple. L’autre onglet important, en dehors de l’agenda bien entendu, est l’onglet « Services numériques ». Ici, on trouve tous les points d’entrée des services de la PLM, comme les outils de collaboration (PLMlab, CodiMD, PLMLatex, etc.), de stockage (PLMBox, etc.) ou de visio (PLMwebconf) auxquels nous avons l’habitude de nous connecter. On peut bien entendu s’y connecter directement – si on se souvient du lien précis du service – mais le plus souvent on se connecte au portail puis on y accède à travers l’onglet « Services numériques ». Cela permet aussi de suivre quels nouveaux services sont mis en place ! Personnellement, j’ai découvert « CodiMD » et « Mattermost » ainsi.
Quelle différence entre la PLM et Portail math ?
La PLM n’est pas conçue de façon globale comme un logiciel commercial d’entreprise, offrant différentes fonctionnalités à l’utilisateur : messagerie, agenda, notes partagées, dossiers partagés etc. Sur la PLM, nous mettons en place des services en utilisant du logiciel libre et chaque service est développé par des personnes différentes. Il n’y a pas de lien entre tous ces services. Nous prenons des initiatives indépendantes, des logiciels qui n’ont aucun lien entre eux et nous « urbanisons » comme on dit en administration de systèmes : nous faisons en sorte que ces logiciels semblent cohérents aux yeux de l’utilisateur.
L’utilisateur de la PLM voit des logiciels qui ont été mis ensemble, il va sur une url, accède au service qui est fourni par cette url. Et à l’arrière, entre ces sites qui sont derrière ces url, il y a des services informatiques que la PLM gère, qui fait qu’on sait que telle personne s’est connectée sur tel service. On lui crée alors l’espace pour tel et tel autre service où elle pourra aller plus tard, on lui propose d’autres services. La PLM, c’est cette toile entre les services. Avec l’annuaire, la PLM a pu faire en sorte que les logiciels reconnaissent la même personne comme s’ils avaient été conçus ensemble.
Le portail permet du lien. A partir du moment où un utilisateur est authentifié sur un service, il est authentifié pour tous les services. La PLM fédère l’accès. Elle gère les utilisateurs de chaque service en lien avec leur compte PLM, qui lui-même est en lien avec les différentes identités sur la fédération d’identités Renater.
Le portail est conçu pour l’expérience utilisateur : c’est un point d’entrée unique vers différents logiciels : des services différents, par exemple les revues électroniques.
A quels services a-t-on accès depuis Portail math ?
L’onglet « Services » du portail renvoie vers des services utiles pour la communauté : aussi bien les services de la PLM que ceux de Renater ou ceux du CNRS. Le portail fonctionne comme un aiguillage, sans exclusivité.
Au début, tous les services PLM étaient accessibles dans l’onglet « services » du portail, mais les utilisateurs s’y perdaient. Un comité éditorial comportant des chercheurs a sélectionné les services de la PLM qui seraient les plus pertinents pour la communauté, pour paraître sur le portail des mathématiques. Le catalogue complet des services de la PLM se retrouve à l’url services.math.cnrs.fr.
Le soutien institutionnel
Tout cela a pu se développer grâce au soutien indéfectible des directeurs d’institut qui notamment intimaient les directeurs d’unité d’inciter les membres des laboratoires à accéder aux services Mathrice. Ce soutien politique était nécessaire.
Il y a une notion de proximité géographique qui relève du hasard : Chritian Peskine et Joël Marchand étaient dans le même laboratoire, à l’IMJ ; Guy Métivier avait été directeur de l’IMB de Bordeaux où exerçait Philippe Depouilly ; Christoph Sorger était du LMJL à Nantes et Jacquelin Charbonnel du LAREMA à Angers. Il y avait ce lien très proche entre le directeur de Mathrice et le directeur d’institut… qui était le premier utilisateur de nos services.
Les directeurs de laboratoires eux aussi ont joué le jeu en acceptant que les ASR en laboratoire puissent aussi participer à Mathrice en nous offrant l’hébergement. Les quatre premiers sites de la PLM, historiquement, sont : Bordeaux, Lille, Angers et Lyon. Cela implique aussi, si une intervention doit être faite sur les machines, que l’ASR local intervienne. Et pour cela aussi, les directeurs de laboratoires ont joué le jeu.
Laurent Azéma, comment êtes-vous arrivé à Mathrice ?
Je suis arrivé en mathématiques en 2008 sur une création de poste au laboratoire de Lyon avec une quotité pour Mathrice. Je suis allé à Bordeaux rencontrer Philippe. J’étais plutôt un ingénieur réseau; je travaillais sur le campus de la Doua à Villeurbanne. J’avais un métier à apprendre : ingénieur système. Je me suis servi de la PLM comme apprentissage. En 2012 j’ai été référent infrastructure de la PLM. J’animais la réunion hebdomadaire de la PLM-team. En 2015, nous commencions à préparer le projet de renouvellement du GDS pour le mandat d’après. Cela m’a paru logique de m’engager sur le mandat de direction. Il fallait faire un bilan, recontacter tous les laboratoires, établir un nouveau projet. Ce projet était soumis à l’Insmi, étudié par le comité national, les sociétés savantes étaient consultées. Dès 2016 l’Insmi m’a dit que le mandat pour les GdS, comme pour les unités de recherche, était désormais de 5 ans… Et c’est tant mieux que j’aie porté l’année 2020 sur les épaules en fin de mandat, plutôt que d’ouvrir le mandat suivant par cette année si particulière !
A cette époque nous faisions face à une nouvelle évolution des métiers. Certains informaticiens se rapprochaient plus de la recherche et se consacraient au calcul scientifique. Si le nombre d’ASR dans les laboratoires restait stable, une partie de l’administration système était désormais assurée par les universités. D’autre part, la dimension réseau de métier Mathrice s’est un peu mise en retrait face à d’autres offres, par exemple RESINFO, la liste nationale du réseau des informaticiens du CNRS. Les échanges sur les questions métier se sont déplacés sur cette liste. Le besoin d’échanger au niveau Mathrice dans un environnement communauté mathématique a un peu diminué depuis l’époque du mandat de Joël où le réseau était jeune, où les informaticiens étaient isolés et très demandeurs d’échanges, et où l’animation de la liste de diffusion Mathrice était un enjeu majeur. Autre évolution, il y a eu des actions nationales : JoSy, les journées systèmes de RESINFO, qui incluaient des retours d’expériences. Là encore, les besoins avaient évolué depuis les premières années de Mathrice, où il y avait eu l’initiative et la volonté d’uniformiser à toute la communauté ce qu’on mettait au service des chercheurs d’un laboratoire. La construction de pratiques communes a été un enjeu majeur des dix premières années de Mathrice. Et, dernier point, l’informatique a évolué.
Le défi du stockage
Jacquelin a beaucoup développé l’aspect formation. Je me suis plutôt axé sur l’infrastructure de la PLM, c’est-à-dire le matériel dont on a besoin pour déployer des services. La PLMbox était arrivée en saturation de l’espace de stockage parce que l’usage avait augmenté. C’est un service qui a rencontré son public, très vite on a été dépassé. Cela fonctionnait par quotas proposés aux utilisateurs. On n’avait pas mis les moyens pour assurer si tout le monde les utilisait au maximum. Il fallait remettre en question l’infrastructure.
Pour rappel, sous le mandat de Jacquelin, nous avons pu acheter du matériel et remettre les quatre sites d’hébergement de la PLM à jour, et identiques. Avec cette crise de croissance de la PLMbox, dans le périmètre budgétaire qui était celui de Mathrice, nous avons décidé de concentrer les ressources de stockage sur un site, avec un matériel qui pourrait être évolutif. Il y a encore très peu de services en multisites, mais cela n’empêche pas des migrations de site. A l’origine, la PLMbox était à Lyon, elle a migré à Bordeaux. La messagerie, de Lille, a migré à Lyon. Après quoi la question de regrouper les forces s’est posée : a-t-on besoin de tous ces sites ou peut-on faire autrement ?
Les laboratoires nous offrent l’hébergement. En répartissant cette charge sur plusieurs laboratoires, c’est une sorte d’équité sans dépendre d’un seul laboratoire. Le fait d’héberger nos services est sans contrepartie : les capacités, les armoires électriques sont celles du laboratoire ; les serveurs sont du matériel Mathrice mais consomment du réseau et de l’énergie dans ces laboratoires. A cela s’ajoute la mobilisation des personnels : quand il faut intervenir sur les machines, c’est l’ASR local qui le fait. Il faut qu’il soit disponible pour le service, qui est national.
En revanche, les laboratoires sont conscients du service rendu à Mathrice. A Lyon, c’était ressenti comme important pour l’image de mon laboratoire. Que je participe à Mathrice, que je m’investisse dans la PLM, que je devienne directeur de Mathrice participent aussi à la reconnaissance du rôle du laboratoire pour la communauté nationale.
Le défi du codage et la PLM dans les nuages
Le deuxième élément de ce mandat a été une seconde remise en cause de l’architecture de l’infrastructure pour des raisons stratégiques. Le développement logiciel était apparu dans le métier d’ASR : la mode des SDx « software-defined everything ». Qu’il s’agisse de réseau, de stockage ou de système, tout devenait défini par du code informatique. C’est une vraie évolution de notre métier, qui est apparue comme une évidence dès les Journées Réseaux de l’Enseignement Supérieur JRES2017. De nouveaux supports sont apparus, comme la forge logicielle gitlab, la PLMlab ou l’hébergement web sous forme de conteneurs avec l’infrastructure OpenShift, PLMshift.
Si nous avons à consacrer plus de temps à définir les services et les infrastructures sur du code, où pouvons-nous gagner du temps ? Peut-être en se déchargeant de la gestion physique des serveurs. C’est là que nous avons envisagé le cloud computing : l’hébergement des ressources sur des infrastructures extérieures… En français, « la PLM dans les nuages ».
Le cloud envisagé pour la PLM correspond à des ressources « recherche » qui sont destinées aux membres de laboratoires. L’idée est de tirer de la PLM une expérience utile aux laboratoires pour leur utilisation de telles ressources. L’inconvénient est le niveau de service qui n’est pas celui d’un cloud pour applications de gestion. Cela demande des adaptations de la PLM à ce nouvel environnement pour obtenir une certaine résilience.
A la fin du mandat, nous avons demandé un financement à l’Insmi pour faire une étude ambitieuse. Nous voulions nous appuyer sur notre réseau national pour demander aux ASR d’explorer les clouds des universités où ils exercent. Cette grande enquête devait nous permettre d’élaborer un grand tableau comparatif des clouds et d’en choisir pour la PLM, avec l’idée que cette étude puisse être aussi utilisée par les laboratoires.
Fin de mandat rime avec élaboration du projet pour le mandat suivant. Sandrine Layrisse était la référente réseau métier de Mathrice. Elle a accepté de prendre la tête du groupe de réflexion sur le prochain projet. Bien sûr nous avons intégré l’évolution de l’infrastructure dans le document fin 2019 sans prévoir ce qui allait arriver.
Quand la pandémie est arrivée, nous avions tout juste commencé l’exploration des cloud par GRICAD sur le site de Grenoble. A une réunion entre Mathrice et Gricad, nous avions établi un canevas des questions que chacun allait devoir se poser sur chacun des sites. En parallèle, à Orsay, nous avions des contacts avec IJClab qui opérait une infrastructure cloud participant au réseau national FGcloud animé par France Grille. Nous avons eu accès à des ressources de test pour évaluer la solution. La pandémie a interrompu l’étude mais a accéléré le processus de décision. Du projet restaient deux sites de cloud avec lesquels nous avons commencé les négociations pour devancer la mise en oeuvre du projet du mandat suivant.
MATHRICE AUJOURD’HUI
Sandrine Layrisse, vous êtes directrice du ex-GdS Réseau Thématique (RT) Mathrice depuis 2021. Voudriez-vous avec Henri Massias nous raconter Mathrice aujourd’hui au travers des évènements auxquels vous avez fait face, notamment au moment du confinement ?
Services numériques en temps de confinement
Juste avant le confinement de mars 2020, j’étais en vacances et je reçois un mail de l’université qui héberge mon laboratoire, demandant une organisation du laboratoire en vue d’un plan de continuité d’activité. Le bruit court, dans des circuits assez restreints, que les universités vont fermer.
Nous avons un vieil outil pour faire de la web conférence, PLM Webconf basé sur Open Meeting, un logiciel opensource. Depuis un moment, nous pensions explorer autre chose. Je lance une boutade à l’équipe de la PLM : est-ce que ce ne serait pas le moment de tester l’outil nouveau, Big Blue Button ? Un collègue de Bordeaux lance l’installation sur un serveur, puis en parle à la PLM team, et tout le monde se met à bricoler dessus pour le faire fonctionner sur la PLM.
Le mardi suivant, nous sommes quelques-uns à pouvoir venir sur place au laboratoire avant le confinement, le nouveau serveur de visio-conférence était installé et on commençait à prendre la mesure de ce qui était en train de se passer. Le serveur allait vite saturer. Ainsi, émerge l’idée de partager la recette d’installation avec les collègues informaticiens du réseau Mathrice disposant de serveurs pouvant être réquisitionnés pour augmenter la capacité. Parallèlement, d’autres membres de la PLM-team pensent à d’autres outils collaboratifs qui pourraient être utiles. Les collègues installent plusieurs services sur une plateforme expérimentale : CodiMD, Rocket.Chat… et nous faisons des annonces pour dire à la communauté qu’il y a de nouveaux services.
Très vite cette plateforme est investie. Dès le samedi matin du premier week-end de confinement, grosse charge sur la plateforme, les services sont ralentis, certains ne fonctionnent plus. Et ce jusqu’au dimanche soir. Nous y travaillons tout le week-end. Le lundi matin, le problème cesse et on démarre la semaine.
Message de Pascal Auscher, directeur de l’Insmi de 2017 à 2021
Quand je suis arrivé à la direction de l’Insmi en 2017, j’ai convoqué un comité de pilotage du portail des mathématiques. J’ai tout de suite vu que j’avais affaire à un réseau de compétences sûr dans lequel chacun savait ce qu’il avait à faire et sur lequel l’Insmi pouvait compter. Je ne pensais pas à quel point ce serait vrai. Sont arrivés la crise sanitaire et le confinement et un jour j’ai réalisé que, sans que je lui demande rien, Mathrice avait tout mis en œuvre pour que tous les laboratoires de mathématiques soient équipés du jour au lendemain pour continuer à fonctionner et cela, Mathrice l’a fait avec son initiative, son imagination, sa vivacité de mise en œuvre au service de toute la communauté.
La plateforme Modcov19
Dans ce cadre intervient une sollicitation de l’Insmi pour la plateforme Modcov19. La prise de risque, le côté expérimental que nous avons toujours assumé, c’est notre contexte et nous le vivons bien. Nous nous lançons.
Le premier point est l’hébergement de la plateforme, avec une particularité : il faut intégrer l’hébergement à notre façon de donner des droits d’accès. Normalement, il y a un relais en laboratoire. Là les utilisateurs étaient différents (Inserm, APHP, ministère), c’était différent pour la façon dont on gère les droits et pour les supports de communication, et cela demandait de la réflexion.
Comment la PLM-team s’organise-t-elle pour répondre à ces sollicitations ?
Sur toutes ces sollicitations, il s’est trouvé qu’une personne de la PLM-team se sentait volontaire pour porter le projet. Ainsi, de façon évidente et naturelle, les charges sont réparties entre chaque membre de l’équipe, avec un soutien des autres par petits groupes.
Pour Modcov19, un appel à volontaire a donc été fait. Il y a eu une forte participation pour tout le côté organisationnel et pour l’interfaçage des services, qui avaient été lancés dans l’urgence.
La réactivité dont nous avons fait preuve tient à ce fonctionnement là et au fait que la PLM était là. Nous savions aussi qu’il y avait beaucoup de risque, mais nous l’avons fait quand même.
Au sein des laboratoires de mathématiques, des correspondants Mathrice sont identifiés pour répondre à la ou au collègue mathématicien concernant les services de Mathrice. Nous avons ainsi moins de pression au niveau de la PLM-team. Les utilisateurs de Modcov19 n’avaient pas ce contexte de laboratoire. Du coup, ils s’adressaient directement à sans autre relais pour poser leurs questions.
Des membres mêmes du projet se sont rapidement investis, Emmanuel Royer, Jean-Stéphane Dhersin et Amandine Véber, qui ont par exemple relayé les procédures pour les créations de compte. Du renfort est venu de GRICAD pour la création du site web du projet. Damien Ferney de la PLM team s’est concentré sur la partie sondage.
Amandine Véber, vous êtes directrice de recherche au CNRS au MAP5 et professeure à l’Ecole Polytechnique, coordinatrice de la plateforme Modcov19. Pouvez-vous nous raconter votre interaction avec Mathrice pour la mise en place de la plateforme Modcov19 ?
La plateforme Modcov19 s’est constituée au début du confinement en mars 2020. Beaucoup d’informations scientifiques circulaient. La plateforme, dédiée au soutien des projets de modélisation en aide à la gestion de la crise sanitaire issus de toutes les disciplines et portés par des chercheurs et des chercheuses de toutes les institutions, avait notamment pour but de mettre en avant les travaux en cours solides ainsi que les questions importantes sur lesquelles les scientifiques volontaires recensés par Modcov19 pourraient se mobiliser. A un moment où la communication de personne à personne et en séminaire était interrompue, il importait de pouvoir mettre en place des outils de communication, de partage et de diffusion de l’information pour que la plateforme Modcov19 fonctionne. C’est ce que Mathrice a mis en place pour nous.
Mathrice a créé pour Modcov19 un site web riche contenant un formulaire d’inscription permettant aux collègues souhaitant s’inscrire d’indiquer leurs compétences et leurs travaux en lien avec la réponse à la crise sanitaire, un espace public où nous pouvons mettre en avant les travaux des membres de la plateforme, les activités que nous organisons et les différentes sources de données que nous avons répertoriées et catégorisées pour faciliter leur accès, et pour finir un espace fermé réservé aux scientifiques inscrits à la plateforme. Grâce aux outils de Mathrice, nous avons pu créer très facilement des listes de diffusion, notamment pour envoyer notre lettre d’information mensuelle aux 600 collègues inscrits aujourd’hui à la plateforme, et nous avons aussi pu nous appuyer immédiatement sur la palette d’outils de travail collaboratif en ligne (PLMBox, CodiMD, RocketChat, …) de Mathrice pour que l’équipe de coordination travaille efficacement malgré l’impossibilité de se voir en personne. Au final, tout l’aspect communication de la plateforme Modcov19 passe par la Plateforme en Ligne pour les Mathématiques de Mathrice !
Une très grande force de Mathrice est l’organisation en réseau de la PLM-team et la réactivité très impressionnante qui en découle. Au printemps 2020, tout s’est fait extrêmement vite. La plateforme a été lancée fin mars 2020 ; en 3 semaines nous avons reçu près de 150 réponses de chercheurs et chercheuses nous indiquant être mobilisés ou mobilisables sur des questions scientifiques variées. Très vite, le besoin de faire circuler une information structurée et de permettre les échanges entre chercheurs s’est fait ressentir et, en un mois à peine, le site web de la plateforme était lancé. Nombre de questions techniques ont dû être résolues en chemin et par la suite, et pour chacune la PLM-team a apporté une solution en un temps record.
Parmi les exemples de difficultés à surmonter : la mise en place du questionnaire d’inscription et l’accès à la partie fermée du site pour des collègues issus de toutes les institutions (hors fédération d’idendité). Sans entrer dans des détails sur lesquels je ne suis pas compétente, il a fallu que les ingénieurs de Mathrice imaginent des solutions spécifiques à l’utilisation que l’on voulait faire du site web de Modcov19, et ceci alors qu’ils étaient eux-mêmes en plein confinement et très sollicités pour faire face à une situation sanitaire où les outils informatiques étaient devenus d’une importance inédite ! Depuis 18 mois maintenant, chaque souci rencontré par un membre de la plateforme pour l’accès aux activités trouve une réponse en quelques heures et ceci participe à l’intérêt que portent les collègues à nos activités (même si heureusement, ce type de problèmes n’arrive pas très souvent !).
En tant que mathématicienne utilisatrice des outils de Mathrice, c’est une très grande chance que d’avoir ces outils à disposition et constamment maintenus pour vraiment répondre aux besoins de la recherche actuelle. Etant en contact avec des chercheurs et chercheuses d’autres disciplines, j’ai eu diverses occasions de constater qu’on nous enviait cet esprit communautaire et cet investissement collectif qui coûte à chaque membre pour rendre au centuple à la communauté entière.
Août 2021
Le 26 août 2021, nous avons eu un incident majeur sur cette même plateforme qui nous a rendu tant de services : nous avons été victimes d’un gros bug lors d’une mise à jour. Le diagnostic, la recherche de la cause, ont été très long. C’était difficile de comprendre comment revenir de là où on était.
La première chose à faire était de relancer la plateforme. Pendant une grosse semaine nous n’y parvenions pas à cause d’un phénomène de blocage du système de stockage. Nous avons dû faire appel à un spécialiste de ce système via un autre réseau d’ASR qui participe à une liste de diffusion sur le stockage. Ce prestataire a pu intervenir immédiatement, cela nous a permis de redémarrer la plateforme, puis il nous a aidé à reconstituer une partie des données indispensables pour remettre en ligne les applications. Il y a plus de 200 applications, certaines nécessitaient beaucoup de travail. Certaines données se trouvaient dans des états incohérents…
Toute l’équipe s’est impliquée dans la recherche des causes. Un collègue en particulier, qui avait créé la plateforme parce qu’il en avait compris tout l’intérêt pour la PLM, s’est attelé au problème nuit et jour. Il fallait, dans le même temps, assurer l’interface avec les autres membres de l’équipe et penser la communication aux correspondants Mathrice et aux utilisateurs.
Nous n’aurions pas pu traverser cette période sans l’esprit d’équipe qui règne au sein de Mathrice et de la PLM-team, son sens du risque complètement assumé, sa souplesse de fonctionnement, sans l’initiative, la responsabilité individuelle, les compétences de chacun relayées et épaulées par l’ensemble de l’équipe. C’est ainsi que nous fonctionnons et nous ne pourrions pas fonctionner autrement.
Le travail d’un ASR-Mathrice : quotité, volontariat et service à différents niveaux et un dénominateur commun, l’intérêt pour le travail à fournir !
Mathrice s’étoffe au fil des mandats. De plus en plus de services sont mis à disposition et utilisés. On en compte maintenant une vingtaine. Beaucoup ont été proposés, n’ont pas pris et ont été retirés. Quand nous pensons les projets pour Mathrice pour les années à venir, nous discutons beaucoup organisation et nous avons testé plusieurs types d’organisation. Nous sommes au service de nos laboratoires avant tout. Et nous avons besoin de trouver une organisation pour que les actions au niveau de Mathrice puissent être faites.
Quand on travaille pour son laboratoire, on sait ce qu’on a à faire. Au-delà, on sait que quand on met en place un service dans son laboratoire, on peut aussi l’offrir en service à l’ensemble de de la communauté via Mathrice. Et au niveau de Mathrice, il y a tout un ensemble de tâches à faire ou à refaire, et c’est un travail essentiel et indispensable pour que la machine Mathrice fonctionne complètement.
La participation à la PLM-team se fait sur la base du volontariat. C’est pourquoi il faut faire attention à la façon dont la PLM-team s’auto-organise. Il faut avoir à faire faire des tâches qui intéressent les membres de la PLM-team. On ne peut pas dire : on a identifié tel et tel manque dans le fonctionnement de Mathrice, il y a telle et telle tâche à accomplir, nous allons travailler là-dessus les six prochains mois. Ce n’est pas possible de fonctionner comme ça parce que nous devons veiller à ce que tous les participants à la PLM-team y trouvent leur compte : ce ne sera ni en promotion, ni en prime, mais en intérêt pour le travail. Il faut avoir envie de mettre à disposition des services et de faire des choses qu’on ne pourrait pas faire tout seul dans son laboratoire.
Certains, après avoir quitté la communauté des mathématiques, continuent à participer activement à Mathrice et à la PLM-team : c’est la dynamique de ce réseau ! Et, je peux dire, comme directrice, qu’un directeur ou une directrice de Mathrice sans son équipe et sans la PLM-team n’est rien !
La PLM-team a reçu le Cristal Collectif du CNRS 2021
Le Cristal collectif du CNRS distingue des équipes de femmes et d’hommes, personnels d’appui à la recherche, ayant mené des projets dont la maîtrise technique, la dimension collective, les applications, l’innovation et le rayonnement sont particulièrement remarquables.
Lire l’article publié par l’Insmi à cette occasion.
Les outils Mathrice présentés sur le site de l’Insmi
- Savez-vous qui est votre correspondant Mathrice ? (sept. 2018)
- Comment créer et utiliser mon compte PLM ? (janv. 2019)
- PLMbox : stockez vos documents dans le cloud de la PLM et partagez-les (fév. 2019)
- La PLMbox s’enrichit avec l’édition simultanée (mars 2019)
- PLMlab : partage, hébergement et synchronisation de données avec GIT (nov. 2018)
- Édition simultanée avec CODIMD sur la PLM (mai 2021)
- La PLM présente son offre d’hébergement web (juil. 2021)
Liens
Mathrice : https://www.mathrice.fr/
Portail math : https://portail.math.cnrs.fr/
Services de la PLM : https://services.math.cnrs.fr/ »